A partir de deux mois et demi, trois mois, vous pouvez déjà leur faire voir du « gibier » et là, ils vous réservent des surprises.
Le plus facile est de disposer de quelques cailles. Vers l'âge de trois mois, j'embarque toute ma petite équipe, direction la campagne. Si le voyage dure plus d'un quart d'heure, il est probable qu'ils seront malades en voiture. Encore du nettoyage ; je le répète, élever des chiots en représente beaucoup.
II faut disposer d'un terrain suffisamment vaste avec une végétation assez longue pour y cacher une caille, mais pas trop non plus car vos chiots ne sont pas encore bien dégourdis. II est préférable que les cailles ne soient pas trop volantes ; vous pouvez leur couper les plumes de l'extrémité d'une aile. Pour les repérer sur le terrain, je les munis d'un bout de laine d'environ un mètre. Pour la première fois, je place la caille à environ quatre vingt mètres du point de départ et c'est au tour du premier chiot. A bon vent, nous nous dirigeons vers la caille. Ce premier parcours ne sera pas de la grande quête mais il faut être patient. Quand nous nous trouvons à proximité de l'oiseau, je suis très vigilant et prêt à intervenir. Normalement quand le chiot va passer à un mètre, un mètre cinquante de la caille tapie dans l'herbe, il va l'éventer et l'arrêter. Et oui, à moins de trois mois, les plus dégourdis arrêtent patte en l'air, queue tendue.
Je maintiens le chiot a l'arrêt pendant environ une minute en le caressant et en lui parlant pour le calmer puis je fais voler la caille pour qu'il sache ce qu'il a arrêté. Je ne laisse pas le chiot poursuivre mais le maintiens en le félicitant vivement ; il est très excité et c'est bon signe. Ensuite je le porte dans mes bras, les plus ardents se débattent, et le ramène à la voiture. A cet âge, ils ne savent pas très bien marcher en laisse et seraient frustrés que vous les traîniez car c'est à la caille qu'ils veulent retourner et non au chenil. Avant de passer au concurrent suivant, je replace la caille de telle façon que je n'ai pas à croiser la « place chaude » du parcours précédent. Si un chiot n'arrête pas mais que je constate à son attitude qu'il a éventé l'oiseau et qu'il va poser son nez dessus (et ses crocs), j'interviens très vite en lui cachant les yeux d'une main et en jetant la caille à une vingtaine de mètres et nous recommençons. II faut qu'il arrête avec son nez, sans voir la caille. Si un chiot ne sent pas la caille à quelques dizaines de centimètres, je la fais voler à sa vue et l'on recommence à nouveau.
Personnellement j'évite à tout prix qu'un chiot attrape et « mâchouille » une caille car s'il a compris qu'il peut les attraper, il va devenir un champion pour trouver et se servir.
Les arrêts à vue n'ont pas d'intérêt, il faut qu'ils arrêtent avec leur nez.. Lorsque tous les chiots on été individuellement mis en présence de cailles, je profite de la partie de campagne pour effectuer une petite promenade de détente avec toute l'équipe. II faut les habituer aux terrains, les plus variés, à franchir des fossés, des zones ou ça pique un peu, des terrains marécageux, etc...
A raison d'une ou deux séances par semaine, les chiots font très vite des progrès et à quatre-cinq mois, ils seront déjà bien débourrés. S'il en reste à vendre, ce sera maintenant sur démonstration ; c'est bien plus convaincant que des grands discours.
Parallèlement à l'éducation à l'arrêt et à la recherche du gibier, j'habitue également mes chiots à rapporter, mais sans en abuser car certains s'y passionnent tellement que cela deviendrait leur seul objectif et ils ne feront plus que vous surveiller en attendant que vous jetiez quelque chose qu'ils puissent rapporter.
Très jeunes (mais en été), je fais égaiement rapporter à l'eau. II ne faut pas non plus oublier de les habituer au coup de feu.
A six mois un chiot de bonne origine et dont on s'est bien occupé peut être présenté au T.A.N. (Test d'Aptitudes Naturelles) avec de grandes chances de succès.
J'insiste sur l'étendue des terrains d'entraînement. II est très important de les habituer à quêter ; c'est à eux de trouver le gibier et pas à vous de les y conduire. L'idéal serait de changer de terrain à chaque séance et dans tous les cas de varier l'emplacement de pose des cailles. Si vous n'y prenez garde, vous constaterez également que les plus malins vont se servir de la piste que vous avez laissé en allant poser le gibier, là encore il faut faire preuve de ruse.
Lorsque l'arrêt ferme est acquis, il ne faut plus abuser du gibier posé car vous risquez de former des « faux arrêteurs », c'est à dire des chiens trop sensibles qui seront constamment en pose d'arrêt. II faut cependant continuer à les entrainer, à travailler discrètement la quête sans la mécaniser, c'est à dire en laissant l'élève prendre des initiatives sachant qu'il y aura toujours possibilité de réduire si vraiment il en abuse. Par contre si très jeune il a été cassé, il risque de faire une carrière de « trottinette ». La principale qualité d'un chien de chasse qu'il faut entretenir et cultiver, c'est la passion.
II est important de bien dissocier l'arrêt du rapport, mais l'on peut travaille deux en parallèle. S'il arrive un incident lorsque vous travaillez sur cailles, le chiot s'emparant de la caille vivante, ne le faites pas rapporter, intervenez vite en lui enlevant la caille de la gueule sans le punir mais sans le féliciter non plus.
Les premiers exercices peuvent se faire avec un « apportable » bricolé par vos soins : des ailes de faisans ou de canards ficelés ou une peau de lapin. Un deux rapports bien exécutés, on félicite, on récompense et la séance terminée, ne laissez pas le chiot jouer avec l'apportable ; rapporter n'est pas un jeu, c'est un travail.
Pas de « baballe » ni de vieille pantoufle, c'est un chien de chasse que vous éduquez, pas un clown.
Lorsque le chien rapporte correctement son apportable, il faut passer au gibier froid. Si lors du premier exercice le chiot est surpris par la nature de ce nouvel apportable et hésite à s'en emparer, je fais semblant de m'en aller tout en sifflant le chiot. II est bien rare qu'il ne revienne sans son gibier.
Je pense qu'il est bien plus simple d'apprendre, en douceur, à son jeune à rapporter que de le mettre ensuite au rapport forcé. En suivant la progression : apportable artificiel, gibier froid, gibier frais, gibier vivant désailé ou entravé, très rapidement le jeune élève rapporte parfaitement avec la dent douce.